Vous connaissez sans doute cette expression… et bien je crois que c’est un peu le cas ici !

J’ai lu de temps à autre au hasard de l’internet qu’il était possible de développer les films avec… du café !

S’agit-il d’une légende urbaine, d’un truc pour se payer la tête des p’tits nouveaux (comme la lime à rajouter) ou d’une invention des marchands de café pour trouver de nouveaux débouchés ?

Pour en avoir le cœur net, j’ai testé pour vous.

Les ingrédients:

  • 4,5 cuillères à café de carbonate de soude (aussi appelé « cristaux de soude » au rayon entretien de votre grande surface préférée).
  • 9 cuillères à café de café soluble (du premier prix suffit mais pas du déca car c’est la caféine qui est l’agent révélateur)
  • 1 comprimé de Vitamine C 1000 Mgr.
  • 500 Ml d’eau

La préparation:

  • Dissoudre complètement les cristaux de soude dans 300 Ml d’eau (la dissolution n’est pas immédiate, mais il faut qu’elle soit parfaite au risque de produire des taches sur les négatifs).
  • Ajouter le comprimé de vitamine C et le laisser fondre.
  • Ajouter le café soluble, le reste d’eau et bien mélanger.
  • Laisser un peu reposer la solution qui doit être utilisée dans la demi-heure (certains conseillent même de filtrer la solution au cas ou il resterait des cristaux de soude non dissous).

Le développement:

Mon film de test : Ilford HP5+ / Pentacon Six / Biometar 80mm

  • Température: 22°C
  • Temps: 20 minutes
  • Agitation continue pendant quinze secondes puis trois retournements délicats toutes les minutes
  • Rinçage à l’eau avec un peu de vinaigre d’alcool pour faire bain d’arrêt.
  • Fixage avec votre fixateur habituel.
  • Rinçage suivant votre méthode préférée.

Résultat:

L'attente

Et oui, ça marche !

Remarques:

  • Ne confondez pas le carbonate de soude ou cristaux de soude avec le bicarbonate de soude, ce n’est pas la même chose.
  • Ne confondez pas le carbonate de soude ou cristaux de soude avec les cristaux de soude caustique (hydroxyde de sodium), ce n’est pas la même chose et c’est dangereux !!!
  • La vitamine C n’est pas indispensable mais il semblerait qu’elle accélère le développement et évite l’apparition d’un voile sur le négatif.
  • Les négatifs ainsi obtenus sont assez peu contrastés mais présentent une jolie gamme de gris et sont faciles à scanner.

Voilà, à vous de tester… et de convenir avec moi que c’est vraiment « fort de café ».

Alors, il paraît que vous avez été sages ?!
Bon, dans ce cas, voici comme promis quelques explications sur le procédé photographique au collodion humide.
Le procédé est basé sur l’utilisation d’une solution de collodion mélangé à de l’éther et de l’alcool additionnés de sels de bromure, coulée sur une plaque de verre de façon à former un film très mince (et très fragile aussi), sensibilisé ensuite par trempage dans une solution de nitrate d’argent. Une fois que la plaque sensibilisée, elle est placée dans un châssis étanche à la lumière et exposée a l’aide d’un appareil appelé chambre photographique. Ensuite, la plaque est développée avec un révélateur à bas de sulfate de fer, d’eau et d’alcool, rincée à l’eau puis fixée et rincée à nouveau. Il va sans dire qu’une fois la plaque sensibilisée, les opérations de chargement et déchargement du châssis et de développement doivent se faire à la lumière rouge ou à la lueur d’une bougie. sachez aussi que le collodion ne reste sensible que tant qu’il est humide, vous avez entre 5 et 10 minutes pour terminer toutes les opérations entre le moment où vous coulez votre plaque et son développement.
Vous imaginez sans peine les trésors de patience et d’ingéniosité qu’il faut développer pour pratiquer ce genre de procédé en extérieur… et vous conviendrez avec moi que David Prifti méritait bien mon coup de cœur.
De façon plus modeste, je m’adonne aussi à ce sport de combat avec quelques camarades de jeu, mais nous avons encore pas mal de progrès à accomplir…
Je vous laisse juges : Camera-Obscura

Premier ambrotype